Critique par Yvon Guilcher
Chemin de la BergaudièreGilles Poutoux (mélodéon) et Jean-Luc Gueneau (vielle à roue)
Dans un premier temps, j’ai refusé de faire la critique de ce CD, du fait que les musiciens y avaient inséré (sans me consulter, hélas) quelques-unes de mes compos de jeunesse (parmi d’autres, dues à Thierry Mirebeau, Frédéric Paris).Pourtant le titre m’avait accroché : le “chemin de la Bergaudière”, ça se trouve à Brinon-sur-Beuvron (Nièvre), localité où, Breton transplanté par la guerre, j’ai vécu la Libération et dont je découvre que c’est le lieu de naissance de Jean-Luc Gueneau, qui a commencé là, encore enfant, à jouer de la vielle à roue, bien avant de rejoindre Giles Poutoux au sein du groupe FUBU.
Leurs itinéraires ont divergé par la suite, renouvelant à la fois leur savoir-faire et leur sensibilité musicale.
Et les voilà qui se retrouvent autour de répertoires de danse en provenance du Nivernais et du Morvan, lesquels font une large place aux bourrées et aux montagnardes.
Et puis dans un second temps, j’ai écouté l’enregistrement et il m’a semblé nécessaire de dire tout le bien que j’en pensais.C’est tout simplement magistral ! D’abord parce que les deux musiciens, qui dominent parfaitement leur instrument, ne cherchent pas à se mettre en valeur en tant que virtuoses : ils sont au service de la musique qu’ils jouent.
Ensuite parce que leur ensemble est impeccable, on a l’impression que c’est un seul et même homme qui joue la vielle et le mélodéon.
Enfin et surtout, parce que leur musique sait tout de la danse, de son tempo calme et installé, indifférent à toute frénésie, et des pulsations internes qui animent le mouvement.
Je n’en croyais pas mes oreilles ! A l’heure où l’on en voit tant qui nous endiablent les tempi et nous martèlent les temps forts, croyant dynamiser en jouant vite et interdisant du même coup le développement du pas de la bourrée, ces deux-là ont tout compris de ce qui rend la danse belle et le danseur heureux.
A mes yeux, ce CD magnifique est un corrigé de toute les ignorances et démissions du revivalisme.
A quoi s’ajoute que prise de son et mixage sont de Jacques Lanfranchi, lui-même sonneur et bon connaisseur des répertoires concernés.
Ce CD va peut-être désorienter Speedy Gonzalès et ses éjaculateurs précoces, mais pour un vrai danseur, il est ce qu’on peut proposer de mieux pour faire revivre au présent un héritage traditionnel. Eblouissant !
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€15.00Prix
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